On the road (Sur la route)

Stéradian publié initialement le 24 novembre 2012

Fr.-USA-Br. 2012. Walter Salles

S. Riley / Kr. Stewart / G. Hedlund / K. Dunst / A. Adams / V. Mortensen / M.-G. Guay / T. Sturridge

Sorte d'Into the wild, mais adapté de Kerouac, tandis que le bio film du bio Sean Penn l'était de Krakauer. Moi, par kontre, je débarke gentiment dans l'univers beatnik, celui-là même qui servit de matrice à notre ère gonzo, si rayonnante de disciples en pagaille. Du coup, j'ai trop rien compris, à Sur la route, sinon qu'ils sont jeunes, épris de liberté, et que le terme « road-movie » n'a pas dû voir le jour avant le bouquin éponyme (épo-nyme signifie ET synonyme ET homonyme) de Kerouac. Et qu'avant eux, donc, en termes de poésie défoncée, y avait Baudelaire, et rien. Pour moi, le premier film-route est, sinon la Grande Vadrouille, au moins Thelma et Louise, qui, on s'en souvient, ne s'en privèrent pas, de liberté. Je passe sous silence les bordels amoureux, familiaux, amicaux, que notre beat-trio se taille à grands coups de pas, d'horizons z'et de tours de roues : ils sont à peu près pain quotidien, depuis un moment. Le goût pour Proust, sans doute, a tout chamboulé. D'ailleurs, Viggo Mortensen nous le rappelle bien, de quoi le Vieux monde, celui d'Eastwood et Schwarzenegger pataugeant dans leur moyen-âge, était fait. Quel acteur, Viggo. Dans la série, Buscemi opte pour laisser friper sa tronche sous Borsalino, depuis la (bonne, c'est rare) série Boardwalk Empire, et il fait bien, Ellroy doit l'adorer, du haut de ses nœuds paps. Car les époques, 1963 et consorts, sont très joliment photographiées, ils y sont allés mollo sur le sépia pour une fois. Sam Riley est plus qu'intéressant, on l'avait beaucoup apprécié, en Ian Curtis joyeusement divisé, dans le superbe hommage de leur ami photographe, le Control d'Anton Corbijn. On les remercie bien, en guise de biopic à peine voilé, de ne pas avoir pris Di Caprio (On reviendra prochainement sur un John Edgar Hoover, effectivement « joué », par notre égérie androgyne des 90's.) Enfin, Kirsten et Kristen (Dunst et Stewart) donnent de quoi se poser la question, du sens de la route... tant, qu'elle donnerait presque envie de la prendre à l'envers : sur la trace, dans les pas, dans la peau... Après Rhum Express, bien après Las Vegas Parano, c'est donc très bienvenu, cette archéologie de la route, sur les pas de nos pairs, fondateurs frondeurs. Hunter S., si tu croises Jack, de l'autre côté de la road, trinquez donc un Jim Beam à nos santés, si mobiles.