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Hollande l'imposteur, le bouffon, l'ennemi

La mauvaise herbe sociale-démocrate (ou ce qu'il en reste) a encore gouverné cinq années de cette foutue république qui sent le bouc. Cinq années de bons et loyaux services pour la caste dirigeante, les grands propriétaires, les gros bourgeois, les sales capitalistes... Appelez-les comme bon vous semble, ce sont les ennemis du populo qui vivent sur not' dos. On a pris un peu de temps et une machette pour dresser le bilan de ce quinquennat sous 49-3.


« Quant aux mecs du Palais-Bourbon, foutons-nous dans le trognon que ces gonces-là ne feront jamais rien pour notre gueule ! Y a assez longtemps que nous faisons les poires : faut cogner, nom de dieu, y a que ça de vrai ! » Le Père Peinard au populo, 2 novembre 1890.

• Charognard bourgeois ! Chierie de soc'dem !

Fondateur despotique de ce blog néogonzo, Jack de L'Error m'avait ordonné d'envoyer du bousin. « De Bavoir, faut remettre le couvert. À dix jours de la fin de Hollande, ça va booster notre audimat, alors fais ce qu'il faut pour une fois. »

Andouillard ! Traître ! Crapulard de capitalo !

Bruegel de Bois, l'un des piliers de bar de Lille 43000, m'avait également motivé à sa façon. « Lâche- toi, De Bavoir, va au bout de tes pensées, finis-en avec ton écriture frustrée et tiédasse. »

Sale fils de Mitterrand ! Croque-mort ! Pisse-froid flambé ! Crottin de socialo !

Ma mission journalistique eût été un peu courte s'il avait suffi d'allonger une liste d'insultes, aussi longue, merdique et sincère fût-elle. La direction de l'École Néogonzo de Lille voulait un bilan, celui de Monseigneur Hollande, roi des cons sur son trône.

Ma démonstration m'avait semblé limpide, lorsque j'écrivais « Ne plus voir sa gueule » : Hollande et son refrain contre la finance, c'était de la farce de poulet garantie hors-sol. Il n'y a donc pas de bilan qui vaille, pas plus qu'il n'y a d'imposture. L'homme a agi au grand jour, en pleine transparence, et seuls quelques faits et gestes suffisent à vomir l'odieux Hollande, le libéral, le chef militaire, le menteur haut gradé. Qu'il « crève », lui et sa grande famille. Hauts bureaucrates, banquiers, patrons du BTP, des médias et des kalachnikovs (neuves). Flopée de sénateurs gâteux et de députés ventrus, bouffe-galettes prêts à tout pour contrôler le Palais Bourbeux.

Bougre, on ne verra bientôt plus ta p'tite gueule, Flamby l'éponge, roi des manipulations d'appareil. Mais tes héritiers, Hamon et Macron, ne pensent qu'à reprendre le flambeau de la gestion d’État en milieu capitaliste. Alors pour éviter que l'histoire bégaye sans cesse, je vais arrêter de me faire prier et vomir proprement sur ce quinquennat, aussi pitoyable que droitier, aussi sécuritaire que répressif.

César et sa police

Le dernier bouffon de l’Élysée n'a pas tenté un dixième de seconde de convaincre qu'il suivrait une voie sociale-démocrate à l'ancienne. Si en son temps Jospin créa l'illusion avec les 35 heures et la CMU (pendant que cette anguille privatisait comme jamais avec son pote Strauss-Kahn), Hollande fut notre ennemi assumé chaque jour de son mandat. Pas la moindre faiblesse sociale et progressiste au compteur. Ce niguedouille enchaînait en même temps les bourdes et les couacs de toutes sortes au point de finir au fond du trou des sondages, puis de se manger au dessert un mouvement social en pleine face... qu'il réprime avec la même aisance qu'un Sarkozy ou un Chirac.

Ça a pourtant bien débuté. Pour nous. Avec 2000 flics à l’assaut des militant-es anti-aéroport de Notre-Dame-des-Landes, l'opération « César » donne un avant-goût, en 2012 : le nouveau pouvoir socialiste n'aura pas peur de lâcher ses chiens policiers. Mais ce coup-ci, cré pétard, le peuple lui met une bonne torgnole. La flicaille ramasse une grêle de caillasses et de betteraves, et les milliers de gueux mobilisés forcent Hollande et ses alliés de Vinci à mettre un genou dans la boue.

Ça n'a pas calmé les ardeurs de Flamby et de ses potes de droite. Industriels, financiers, affairistes : bande de vautours, le PS a été à vos côtés durant ces cinq années. Ça a commencé par le triptyque traditionnel : baisses des charges patronales - réduction des déficits - hausse d'impôts. Les grandes exceptions et les petits écarts ne doivent pas cacher un bilan implacable : vingt milliards filés au patronat. Les « pactes » signés avec les raclures du Medef l'ont été dans une communion de classe rarement vue. Pendant ce temps, plus de 47 milliards d'impôts supplémentaires sont tapés aux ménages – une taxe concentrée pour moitié sur les plus riches, mais tout le monde y a soupé avec la hausse de la TVA.

Bref, une politique de l'offre, de droite, patronale. Les millions de chômeurs peuvent aller se gratter, les « sans-dents » ne sont pas au programme de Hollande. Il prétendait diminuer le chômage, il a explosé, autant sur le chiffre médiatisé (plus de 3,5 millions de chômeurs) que sur la réalité des 6,5 millions de chômeurs et travailleurs pauvres comptabilisés à l'ANPE, les 300 000 personnes radiées chaque mois et les millions de personnes qui pour une raison ou pour une autre ne s'inscrivent pas ou sont hors statistiques. Qu'en 2016 le taux de chômage officiel baisse de 0,2 pour cent, c'est du pipi de brebis, un brin d'herbe dans un champ de rumex. Qui dirait le contraire, à part les éditocrates néo-capitalistes du Monde, du Point, de Libé, de BFM ou de Radio France, réfugiés dans leur loft parisien à 800 000 balles ?

Valls, la déchéance

Suivant une même ligne dégueulasse et s'appuyant sur les sondages à la con jugeant ses ministres, Hollande limoge le mollasson Ayrault pour foutre le néo-sarkoziste Valls à la tête du gouvernement. Peu importe que ce dernier ne représente rien au PS (1). Un « rien » de droite policière, déjà haï par toute la gauche. Les lois sécuritaires s'enchaînent. À tel point que la loi LSQ de Jospin (2), symbolisant à l'époque le virage policier du PS, paraît bien faiblarde en comparaison. La tentative de déchéance de nationalité vient entretenir le climat raciste qui fait suite aux attentats. Attentats qu'il ne s'agit d'ailleurs pas d'expliquer selon Valls, quand toute l'histoire française et occidentale, de la colonisation aux guerres impérialistes, des magouilles françafricaines au commerce des armes, du racisme d’État à l'Europe forteresse, vient éclairer les récentes percées de l'embrigadement par les fascistes intégristes du Djihad.

L'état d'urgence permanent arrive comme une aubaine pour le chef Hollande et le général Valls. Après la violente répression des opposants au barrage de Sivens, la COP21 est assurée par une interdiction de toutes les manifestations prévues à travers la France. S'y ajoutent des perquisitions administratives d'opposant-es politiques et des assignations à résidence qui tombent en continu, comme le crachin du Nord. Les musulman-es prennent bien cher aussi, avec des centaines d’assignations et des perquisitions à vau-l'eau, violentes et arbitraires. Après coup, le motif anti-terroriste de la plupart d'entre-elles s’avère inexistant, la bleusaille ne se cachant pas d'en profiter pour défoncer les portes où ça lui chante. Le régime politique vacille, les atteintes aux libertés deviennent quotidiennes, certains avocats sont alarmés par cette dérive totalitaire. Le projet de loi El Khomri arrive comme un final de feu d'artifice anti-social, pour mieux licencier, pour mieux sous-payer, pour continuer à détricoter ce code du travail qui emmerde tant le patronat et ses alliés. Et Valls et Hollande, à coups de 49-3 autoritaires, de passer ce texte en force, face à de pseudo-frondeurs qui attendent leur heure.

Derrière les grilles

Au long de ces cinq années, le gouvernement a soutenu sans relâche une police qui tue toujours impunément dans les quartiers, qui harcèle, qui maltraite, qui insulte, qui viole parfois. Les morts s'enchaînent. Chaque mois, la probable nouvelle d'un jeune mort dans un fourgon de police, étranglé, asphyxié, flingué par derrière. Dix à quinze victimes par an. Hollande et sa chiée de ministres se recueillent sur le cadavre du PDG de Total en octobre 2014, via un vibrant hommage national avec tous les patrons du CAC40, et méprisent ceux qui crèvent sous les balles et les matraques de leurs flics. Tué lors d'une manif à Sivens le 25 octobre 2014, Rémi Fraisse aura été l'un des symboles lugubres de ce pouvoir. Le socialiste Carcenac, qualifié d'« assassin » dans les cortèges, ce troufion président PS du département du Tarn, se permettra de baver tout haut que mourir pour des idées, c'est « relativement stupide et bête ». Hollande n'a pas assuré sur ce coup-là, avec une telle franchise, Carcenac méritait bien un secrétariat d’État à l'Intérieur.

De façon générale, la répression policière des mouvements politiques a été systématique depuis 2012. Il y a eu des moments particulièrement violents, sans retenue, durant le mouvement social contre la loi travail notamment, avec son lot d'éborgnés, d'assignations à domicile, de condamnations à des peines fermes, et de jeunes militants toujours enfermés à ce jour. De mémoire de camarade, ça fait un bail qu'on n’avait pas vu la flicaille lâcher autant ses coups de matraques, ses tirs de balles caoutchouc et ses bombes assourdissantes de toutes sortes.

On pourrait continuer à disserter sur les expulsions des sans-papiers, sur les crapulards comme Cahuzac et Thévenoud passés par là, sur les opérations militaires aux raisons douteuses, sur l'intensification du système carcéral malgré l'enfumage humaniste de Taubira (69 000 taulards en 2017, un record ; le double d'il y a 30 ans). On pourrait aussi s'acharner à trouver des miettes comme cette augmentation ridicule du RSA, ou le mariage homo, l'une des rares choses qui ont pu distinguer le mandat Sarkozy de son successeur. On pourrait donc gratter des pages et des pages sur ces têtes d’œuf qui ont tenu le gouvernement ces cinq dernières années. Mais il faut se souvenir que Hollande n'est qu'un hologramme du pouvoir, interchangeable à souhait, dans des versions qu'on aura peine à différencier une fois sur le trône.

Parmi les jockey en piste pour la prochaine course électorale, on voit mal le crédit de confiance qu'on donnerait à Hamon, ancien ministre de Ayrault et Valls qui a gobé quelques anacondas – entre la hausse de la TVA, l'état d'urgence et le crédit d'impôt patronal –, ou à Macron, cette tranche de pain de mie grillée qui se tartinera à toutes les sauces des possédants ; mélange de Thatcher, Strauss-Kahn et du nouveau riche croisé cet hiver à Courchevel qui a un chamalow à la place du cerveau mais qui croit méchamment en lui. Le centre mou sans conviction lui va comme un Bayrou, et les sondages aidant, le voilà qui attire toutes les mouches et les croûtons des derniers gouvernements.

J’entends déjà le camarade de manif dans l'oreillette : Mélenchon ! Mélenchon ! Quoi, l'homme d'appareil qui a fait toute sa carrière au PS et qui se transforme en révolutionnaire des tribunes ? Certes, voilà dans son programme un RMI jeunes, une hausse du Smic (raisonnable), un futur arrêt nucléocrate, un peu de verdure par-ci par-là... Mais ce qu'il faut souligner, c'est que ces trois-là ne toucheront pas à la propriété et laisseront l'économie aux capitalistes. C'est peut-être vieillot comme logique, mais c'est la réalité, implacable : tant qu'on ne touchera pas aux moyens de productions, tant qu'on n’enlèvera pas le pouvoir aux bourgeois et aux parvenus, on se fera enfariner la tronche, cantonnés dans une démocratie politique limitée, accaparée par une caste de beaux-parleurs grassement payés.

Lorsqu'on fait le bilan de ces gouvernements de pseudo-gauche, c'est qu'on a déjà perdu. Les imposteurs ce sont les présidents à venir et les députés en campagne. Une fois au pouvoir, tout le monde les reconnaît : ils sont de l'autre côté des barricades et des grilles de CRS. Il devrait alors sembler clair à tous celles et ceux qui ont cru au Bourget qu'ils peuvent désormais descendre dans la rue. La mode insoumiste de Mélenchon ne doit pas faire diversion : même à la fin de sa longue carrière au PS, il se range pitoyablement derrière l'hypothèse Fabius en 2005, avant de soutenir la candidature Royal en 2007 et de finir dans une alliance de courant avec Hamon, en 2008. En se présentant révolutionnaire d'une sixième république, c'est un baratineur de cour d'école qui ne doit tromper personne (3) : « Jean-Luc » est un social-démocrate pur jus, un patriote, défenseur de l’État et de sa police « républicaine », qui n'a aucune intention de renverser l'ordre des choses. Certes, il a opéré un virage à gauche, après une soudaine révélation en 2008 : le PS est un parti de notables bourgeois qui doit crever. Ok, très bien. Bravo, Jean-Luc. Et voilà sa « révolution citoyenne », voire son « insurrection » dans une poussée délirante de démagogie.

Chacun votera ce qui lui chante, ça n'a guère d'importance. Qu'on préfère le moins pire, l'espoir de quelques réformes sociales ou qu'on gueule la sociale sinon rien, l'important est de se retrouver dans la rue. Et bien entendu, mieux vaut des milliers de gens drainés par des mots d'ordre de résistance sociale et de révolution qu'à ceux qui se rangent derrière le rose, le bleu ou le brun. Mais il ne faut pas être devin pour savoir que les prochains mois et prochaines années, il faudra toujours faire face aux fauves, aux aristos démocratiques, aux pouvoirs de toutes sortes, il faudra encore se serrer les coudes dare-dare, faudra toujours cogner sans hésiter, écrire des journaux hardis avec folie, lancer des mots d'ordres enragés, fomenter des projets de cafés populaires, de coopérations sans limites et d'associations de luttes et de solidarités. Autant de repères de casseurs d'assiettes pour gâcher la fête des bouffe-galettes, en attendant « le jour où patrons, gouvernants, ratichons, jugeurs et autres sangsues téteront les pissenlits par la racine » (4).

Confidences au prochain président

On t'emmerde. Le plus sincèrement du monde. Sans ambiguïté et sans regret. Pour en arriver là, au-delà des promesses dont tu t'exonéreras à ta guise, tu seras corrompu, guerrier et néo-libéral. Tu administreras un État raciste, sexiste et une police répressive. Tu seras colporteur de marchands d'armes, tu copineras avec les banquiers et toutes les crapules de ce genre. On te hait déjà car tu lanceras CRS, BAC et gendarmes mobiles sur nos manifs, nos squats, nos syndicats, nos occupations et toutes nos tentatives de mobilisations et d'actions contre ton monde à la con. Et même si on est prêt à voter pour celui qui nous fera le moins chier, au cas où le sabotage de ces élections ne se réalisait pas, rappelle-toi bien : sur ton trône, d'où tu prétends à toi seul représenter soixante millions de personnes, telle une royauté consentie au suffrage universel, on est nombreux à vouloir t'approcher de près, à ramper sur le tapis rouge de l’Élysée pour se traîner à tes pieds… et te couper les petits orteils.

Au plaisir,

S. De Bavoir •

 

Le Père Peinard au populo

(Extrait, n° 85, 2 novembre 1890)

 

« Et leurs professions de foi ? Et leurs serments ? Et la chiée de réformes promises avant leur élection, què que ça devient, tout ça ?

Voyou, faut pas se gourer ! On s’est laissé empaumer par les belles phrases, mais au fond, chacun savait bien que c’était du battage, et qu'une fois nommés, les salops se torchaient le cul de leurs promesses.

Ils seraient d’ailleurs bougrement embarrassés, pour foutre en train les réformes promises ; pour en faire, y a qu’un moyen, toucher à la Propriété ; or, les députés en sont les chiens de garde.

Ils ne sont bons qu’à une chose : foutre de nouveaux impôts et augmenter les anciens. C’est à ça qu’ils gagnent leurs vingt-cinq balles !

Ça n’empêche, mille tonnerres que la dette gonfle ! Tous les ans on y colle une rallonge d’une centaine de millions. Faut bien gaver la haute fripouillerie, les grands seigneurs de la Politique et toute la vermine bourgeoise. Naturellement, c’est sur notre dos que ça tombe !

Ça nous saigne ! À la Ville comme à la Campluche, le populo tire la langue, la misère se fout partout, nom de dieu !

Du train dont ça marche, ça n’ira pas loin : faut que ça pète ou que ça casse, le fiasco est au bout !

Tant mieux, nom de dieu, qu’elle tienne la banqueroute ! Elle nous mènera à la Sociale, qui seule nous sortira du pétrin, en supprimant toute le charognerie qui nous gruge.

Les patrons et les gouvernants foutus à cul, ça sera tris bath ! Chacun brillera à sa faim, et sans s’esquinter, turbinera librement.

Du coup, mille bombes, on ne verra plus à côté de jean-foutres, gras comme des porcs, qui gâchent la croustille de cent familles – des pauvres bougres, les boyaux vides, se tuer au travail. »


(1) Candidat à la primaire de 2011, Valls est à la ramasse avec 5,6 % des voix.

(2) Votée en 2001, c'est depuis cette loi que les condamnations pleuvent pour refus d'ADN sur les opposants politiques, que les flics ont une raison de plus pour harceler les quartiers populaires (occupations de cages d'escalier), sans compter la répression accrue sur les free-party, etc. Le ministre Mélenchon (délégué à l'enseignement pro) de l'époque remet-il sa démission ? Non.

(3) Ce gars-là est un homme d'appareil, qui a bouffé à tous les râteliers, en se rangeant du côté de Mitterrand, puis de Rocard, d'Emmanuelli, de Jospin, de Fabius, de Royal, de Hamon... Quant au traité de Maastricht, qui entérine l'Europe des patrons, Mélenchon y voit à l'époque « un début d’Europe des citoyens ». Erreur de jeunesse ? Pas vraiment, il a 43 ans à l'époque. Par la suite, il pointe à 49 ans comme ministre de Jospin, et il en a 54 quand il soutient encore un vieux social-traître comme Fabius, en 2005.

(4) « Salut aux bons bougres », 14 janvier 1900, Le Père Peinard.