• Catégorie : Brèves

La forteresse se fortifie

Le port de Calais sera bientôt encerclé par quatre kilomètres de barrières de plus de quatre mètres de haut. Le tout surmonté de  barbelés. Les États français et britannique espèrent ainsi, nous dit La Voix (14/11), « repousser les migrants ». De quoi compléter l’effroyable histoire du fil barbelé inventé en 1874. Une histoire éminemment politique : « En moins d’un siècle et demi, il a tour à tour servi à enclore les terres des Indiens d’Amérique, à enfermer des populations entières lors de la guerre d’indépendance de Cuba (1895-1898) ou de la seconde guerre des Boers en Afrique du Sud (1899-1902) ; il a garni les tranchées de la première guerre mondiale, ou encore fourni la clôture incandescente des camps de concentration et d’extermination nazis » (Le Monde diplomatique, août 2013). Un mur de plus, donc, à Calais, qui ressemblera peut-être un jour à celui de Melilla, cité portuaire espagnole au Maroc verrouillée par un dispositif meurtrier où, « les yeux rivés sur la double barrière, tu tentes d’imaginer ce qu’une telle tentative peut représenter – le courage et le désespoir des saute-murailles. Difficile. Au soleil, dispositifs au repos, elle semble presque anodine. Leurre. Plus tard, tu verras les corps déchirés des « ghettos » de Gourougou – à quelques encablures du mur –, les chairs en lambeaux et les fractures ouvertes ; la faute aux barbelés, aux chutes, aux matraques espagnoles et marocaines » (Article11, mars 2013). Et La Voix du Nord de se demander : « Suffisant ou pas ? » C’est à la mesure du sang qui sera versé que nous pourrons y répondre.