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  • Catégorie : Brèves

La loi des poubelles

Quelque part en France, jeudi dernier vers 21 heures. Trois personnes récupèrent de la nourriture périmée dans les poubelles d’un supermarché. Deux rôtis de porc, deux pintades, quatre paquets de raviolis, six barbotons, des fruits et légumes, en deux mots : « plein à bouffer ». Elles chargent tout ceci dans leur camion quand, tapi dans l’ombre, un homme les observe discrètement. Mais personne ne le remarque, les glaneurs ont fait des poubelles et tout s’est bien passé, selon eux. Or, lundi, à 9 heures du mat’, voici que sept gendarmes déboulent chez eux à la recherche du conducteur du camion, et de deux autres personnes. Ils sont mis en cause par une plainte du directeur du supermarché, qui parle de trente packs de canettes volés. De plus, un témoin les a vus et a relevé le numéro d’immatriculation. La maison est entièrement perquisitionnée, fouillée de recoin en recoin, chacune de leurs poubelles est examinée à la loupe. Mais rien, les gendarmes ne trouvent pas une canette. Tout juste retrouvent-ils les emballages des produits cités plus haut, ce qui est suffisant pour les placer en garde à vue. Après quelques heures d’interrogatoires complètement inutiles, les gendarmes « commencent à se dire que c’est pas l’affaire du siècle ». Juste une petite affaire, donc, qui permet tout de même de ficher, prendre en photo et relever les empreintes de trois personnes. Pour vol d’ordures. Un officier leur dit alors : « Vous avez de la chance, vous échappez à la prise ADN parce qu’on est en rupture de kit »... Au final, contents d’« avoir de la chance » bien qu’enregistrés à présent par la police, ils ressortent avec un simple « rappel à la loi ». Un papier qui leur explique qu’ils sont accusés d’avoir « soustrait frauduleusement des denrées alimentaires périmées », « au préjudice » du directeur du supermarché. Et si, dans les trois ans, ils se remettent à récupérer de la bouffe périmée dans les poubelles d’un supermarché, il y aura des poursuites.